"Les entrepreneurs audacieux ont un bel avenir dans le secteur"
Le Comité Exécutif de Bosta dresse le bilan et dévoile les perspectives d'avenir
Juste avant la 29e édition du Paper Show, fin janvier 2025, Script s'est entretenu avec les membres du comité exécutif de la fédération professionnelle Bosta. Tom Smet (Staedtler), Karina Steyaert (Exaclair), Bert Lippens (Brepols) et Aurélie Cuvelier (Turbel) se sont exprimés sur les défis du secteur de la papeterie et des fournitures de bureau : mutations dans le commerce de détail, montée en puissance des exigences liées à la durabilité, et initiatives de la fédération pour accompagner ses membres face à ces évolutions.
Un ADN solide pour un salon unique
Bonjour à tous, la 29e édition du salon Paper Show arrive à grands pas. L'année prochaine sera donc une année anniversaire. Laissez-moi vous féliciter, pour commencer!
Bert: "Incroyable, n'est-ce pas? Nous sommes toujours le seul salon de cette ampleur dans notre secteur. Alors que beaucoup d’événements ferment leurs portes, nous réussissons à maintenir un niveau stable de visiteurs et d’exposants, malgré un contexte économique tendu. Cette édition s’annonce dynamique, fidèle à l’ADN du Paper Show, tout en accueillant des nouveaux acteurs, notamment dans les secteurs du jouet et des technologies. C’est essentiel pour nous."
"Nous ne pouvons que vous rappeler les éditions précédentes, toutes réussies. Le salon est un rendez-vous important pour le commerce spécialisé belge, mais aussi, de plus en plus, pour nos collègues néerlandais. Lors de cette 29e édition, les visiteurs découvriront d'ailleurs plusieurs nouveaux exposants, notamment dans l'industrie du jouet et dans le secteur de la technologie et des technologies de l'information."
Tom: "Chaque année, nous nous remettons en question pour innover sans perdre notre essence. Ce salon reste un lieu incontournable pour la papeterie. Nous devons préserver cette spécificité tout en intégrant des secteurs proches."

Communication
Quels ont été les plus grands changements au sein de la fédération au cours de l'année écoulée?
Tom: "En 2024, nous avons également changé la communication relative aux Paper Show Awards. La cérémonie de remise des prix se déroulait ainsi le soir d’ouverture du salon. Cette année, nous faisons un pas en plus : les gagnants ne seront pas connus à l’avance et seront dévoilés lors du salon. Cela ajoute un peu de suspense."

Aurélie: "Nous avons dévoilé un nouveau logo et une identité visuelle modernisée, déclinée sur le site web qui sera prochainement lancé. Ce site ne sera pas qu’une vitrine : il deviendra une base de données exhaustive pour le secteur, intégrant des chiffres du marché, des analyses et des contenus inspirants tels que Responsible Office. Les membres pourront également profiter d’une visibilité accrue. La refonte du site représente un travail important. Cela prend plus de temps que ce qui avait été annoncé initialement. Mais la volonté est là de proposer un contenu plus professionnel."
En parallèle, la fédération a renforcé ses actions sur les réseaux sociaux et dans la presse professionnelle, tout en organisant des événements pour favoriser le dialogue et l’inspiration. "Nous sommes dans une période de renouveau. Nos membres nous remercient pour des initiatives comme la refonte des présentations des chiffres du marché, qui les rendent plus accessibles et compréhensibles."
"Le nouveau site web sera un outil de communication très important. Il offrira une immense base de données pour le secteur" - Aurélie Cuvelier
Karina: "D'ailleurs, les chiffres de GfK ont été traduit de manière plus claire pour nos membres en 2024. Nous avons travaillé dur pour clarifier les présentations. Et nous avons des réactions très positives à ce sujet."
Aurélie: "La commission de communication, CoCom en abrégé, est actuellement la principale commission au sein de Bosta, avec même plusieurs sous-commissions. Nous travaillons sur plusieurs projets simultanément: comme mentionné précédemment, notre nouveau site web, mais aussi l'utilisation des canaux de réseaux sociaux, un contact renforcé avec la presse professionnelle, la façon dont nous organisons des événements, etc. Nous comptons également inviter des orateurs de haut niveau et inspirants à ces événements. En bref, l'association traverse une période passionnante de renouveau."

Approche hybride
Et d'autre part, quelles ont été les plus grandes évolutions au sein du secteur des bureaux?
Tom: "Notre secteur n'est évidemment pas épargné par l'intelligence artificielle. Quand je vois comment nous l'utilisons déjà dans notre entreprise, je pense qu'il en va de même pour mes collègues. Et il en sera de même pour les entrepreneurs les plus progressistes. L'IA a été un événement majeur en 2024. Et cette évolution n'en est qu'à ses débuts et est vouée à s'accentuer en 2025."
Karina: "En outre, fin 2024, nous avons organisé pour la première fois un événement de réseautage en collaboration avec nos collègues néerlandais d'Officers World. Il est toujours intéressant d'échanger des informations. La plupart de nos membres n'ont pas de contact direct avec les Pays-Bas. On se rend compte que la Belgique et les Pays-Bas sont deux marchés très différents. Et que l'on a beaucoup à apprendre les uns des autres."
"On dit souvent qu'il faut être né pour enseigner, mais cela vaut aussi pour travailler dans un magasin" - Karina Steyaert
"Les Néerlandais sont moins conservateurs que les Belges. Ils sont déjà bien plus avancés que nous sur le commerce en ligne. La boutique en ligne Bol. par exemple, basée à Utrecht, est beaucoup plus forte chez nos voisins du nord que le géant international Amazon. En fait, les Pays-Bas sont le seul pays où Amazon a du mal à s'implanter. C'est tout de même remarquable."

"De plus en plus, les détaillants professionnels néerlandais transforment eux-mêmes leur entreprise en un magasin hybride, en créant une boutique en ligne professionnelle à côté de leur magasin physique. Les détaillants professionnels belges ont également suivi la tendance en ligne. Cependant, dans l'ensemble, nous sommes encore un peu à la traîne dans ce domaine."
Volonté d'investir
Depuis des années, nous assistons à une contraction du secteur. Cette tendance peut-elle encore être inversée?
Bert: "C'est en effet une tendance que nous observons depuis plusieurs années. Chaque année, il y a des départs, une génération plus âgée qui s'en va et qui n'est pas remplacée. Cela entraîne en partie une diminution de la population, ce qui est dommage. D'un autre côté, nous constatons l'émergence de hard discounters dans notre secteur. Et aussi la force, l'énergie et la volonté d'investir d'acteurs tels que Standaard Boekhandel, Club, ToyChamp et AVA, qui ne sont pas les plus petites chaînes. En tant que fédération, nous sommes extrêmement positifs à cet égard. Ce sont des entrepreneurs, des gens qui y croient et qui n'ont pas peur de se lancer."
"Standaard Boekhandel s'est engagé dans un 'remodelage' complet de ses plus grands magasins en Flandre, ce qui n'est pas une mince affaire. Il en va de même pour AVA, qui se demande constamment comment adapter sa formule à ce que les consommateurs recherchent réellement, et ce dans un marché qui a de toute façon beaucoup changé. Club a ouvert quelques nouvelles succursales à court terme, dans des circonstances qui ne sont pas toujours faciles. Et ToyChamp a racheté Dreamland en 2023, et Intertoys récemment."

Il existe donc encore des opportunités et ces acteurs les ont perçues. Et, ce qui n'est pas négligeable, ce sont des acteurs qui nous acceptent en tant que fournisseurs de marques. Nous vivons dans un pays de marques, de marques fortes. Et c'est en partie grâce à ces chaînes, à ces acteurs. Ils ont contribué à rendre les marques importantes, à les maintenir et à parier sur elles. C'est pourquoi ils continuent d'attirer les clients dans leurs magasins.
Image
Que peut faire le secteur face à cette contraction du marché? Comment faire du commerce de bureau et de papeterie un acteur plus attrayant?
Karina: "Je pense que le secteur du commerce de détail en général est confronté à ce problème, et pas seulement nous. Les jeunes veulent se lancer dans quelque chose de différent où la technologie moderne joue un rôle plus important. D'un autre côté, le 'quality time' occupe une place toujours plus importante dans la vie de ces jeunes, beaucoup plus qu'auparavant."
"Pour travailler dans le secteur du commerce de détail, il faut accepter de travailler le samedi. Et parfois même le dimanche. Ce n'est plus aussi évident. Les jeunes qui sortent de l'école ont d'autres attentes et, dans de nombreux cas, ils ne veulent même plus d'un emploi à temps plein. Quatre jours sur sept suffisent parfois. Mais cette évolution est perceptible dans tout le paysage du commerce de détail."
Bert: "D'un autre côté, le secteur des fournitures de bureau a de bons côtés également. Il est vrai que le commerce du papier a eu une image un peu vieillote pendant quelques années. Mais je pense que la plupart des entrepreneurs ont réussi à se remettre au goût du jour. C'est un secteur en pleine évolution. Il se diversifie plus que jamais et prend parfois des directions surprenantes. Il y a beaucoup d'innovations à venir, et pas seulement au niveau des produits, mais aussi sur le plan technologique."
"Pendant longtemps, le terme 'hybride' a été un mot très étrange dont tout le monde ne comprenait pas vraiment le sens. Mais si vous ne travaillez pas de manière hybride aujourd'hui, vous aurez du mal. Alors, comment se démarquer en tant qu'entrepreneur? Certainement en offrant ce service qui vous rend un peu plus attractif par rapport aux acteurs exclusifs en ligne. Par ce mot d'explication supplémentaire que vous donnez à vos clients dans l'atelier. Les clients apprécient de plus en plus cette attitude."
"Notre secteur vend des produits fonctionnels, pas des gadgets jetables. Ce sont des produits dont les consommateurs ont réellement besoin. Ces produits peuvent simplifier le travail, faciliter les études et même améliorer la vie quotidienne. Ce sont des choses qui ont toutes une valeur en soi et dont nous pensons qu'elles conservent leur valeur. Je crois qu'il y a aussi beaucoup de raisons pour qu'une nouvelle génération s'engage dans ce secteur."
Karina: "Ceux qui sont capables et désireux d'investir ont certainement un avenir. Mais il s'agit d'être actif, de s'adresser aux clients, de les conseiller et d'être présent sur les réseaux sociaux. Les détaillants qui sont les plus actifs dans ce domaine sont aussi ceux qui réussissent le mieux. On dit souvent qu'il faut être né pour enseigner, mais cela s'applique aussi au travail dans un magasin."
"Aujourd'hui, quand on entre dans un magasin, on fait savoir si l'on a besoin d'aide, ou du moins de davantage d'informations" - Tom Smet
Tom: "C'est exact. Il faut combiner le hors ligne et l'en ligne. Offrir une expérience et un service supplémentaire. Une personne qui entre dans un magasin a probablement l'intention d'acheter quelque chose, ou au moins de se faire aider. Si vous ne faites rien et restez derrière votre comptoir, cette personne quittera à nouveau le magasin. Si les consommateurs veulent acheter quelque chose uniquement sur la base d'un prix bas, ils le feront en ligne."
"Aujourd'hui, quand on entre dans un magasin, on fait savoir si l'on a besoin d'aide, ou du moins de davantage d'informations. Si vous vous engagez à offrir cela en combinaison avec un bon soutien en ligne, je pense que vous avez encore un bel avenir devant vous."

Commerce circulaire
Dans les années à venir, l'UE mettra en œuvre un grand nombre de nouvelles règles en matière de durabilité et de commerce circulaire. Le secteur n'y échappera pas. S'agit-il de la plus grande (r)évolution de ces 15 dernières années?
Bert: "Je pense que oui. Avant tout, je considère qu'il s'agit d'un énorme défi pour toute organisation. Cette 'réglementite aiguë' va vraiment peser sur les entreprises. Un grand nombre d'entre elles auront du mal à se conformer à toutes les réglementations et à toutes les obligations en matière de rapports. Les grandes entreprises sont évidemment mieux préparées que les petites PME."
"Bosta s'engage à aider ses membres dans ce processus autant que possible, notamment en partageant ses connaissances. Nous avons préparé une série de bulletins d'information dans lesquels nous offrons des réponses et des solutions concrètes à des problèmes ou à des sujets spécifiques."
Tom: "Autrefois, un fournisseur local de matériel de bureau pouvait obtenir une belle commande d'une grande entreprise du voisinage grâce au principe bien connu de 'l'entre-nous'. Cette époque est révolue. Ce revendeur devra également être en mesure de répondre à un appel d'offres, car ce client potentiel devra lui aussi acheter selon certaines règles. A-t-il la main-d'œuvre nécessaire pour cela? Parce que cela prend du temps. Les grandes entreprises pourront mieux réagir, car elles disposent de départements distincts où ces appels d'offres sont gérés. C'est un sujet sensible pour notre secteur, j'en ai bien peur."
"Il est nécessaire de rendre la société plus durable. Mais faisons-le de manière réfléchie et évitons cette 'réglementite aiguë' qui menace nos entreprises" - Bert Lippens
Bert: "Personne ne doute qu'ensemble nous devons contribuer à rendre notre société plus durable. Mais faisons-le de manière réfléchie et évitons cette 'réglementite aiguë' qui menace nos entreprises. Permettez-moi de vous donner un exemple concret. Normalement, la législation EUDR contre la déforestation devrait être mise en place à partir du 1er janvier 2025. Mais même l'UE ne sait pas comment s'y prendre pour la faire appliquer."

"Il reste beaucoup d'ambiguïtés à ce sujet, ce qui provoque entre-temps beaucoup de stress, de tension et de confusion au sein des entreprises. En réponse à cette situation, il a été décidé de reporter la date d'entrée en vigueur, en particulier pour les petites organisations. Mais qu'en est-il alors? Nous ne pouvons qu'encourager l'économie circulaire en elle-même. Mais toutes les réglementations qui en découlent seront délicates."
Karina: "Il y a également le problème des divisions entre les pays de l'UE. La législation locale varie d'un pays à l'autre. Les réglementations européennes ne sont pas non plus interprétées de la même manière dans tous les pays, elles sont interprétées d'une certaine manière ici et d'une autre manière là. En tant que fabricant, si vous fournissez dans toute l'UE, vous devez donc déjà tenir compte de plusieurs réglementations. Ce n'est pas du tout évident, c'est même absurde."
Tom: "C'est également la raison pour laquelle nous avons donné un nouvel élan au Responsible Office au sein de Bosta cette année. Le Responsible Office 2.0 doit et va aider, informer et conseiller nos membres autant que possible. Les bulletins d'information déjà mentionnés par Bert regorgent véritablement d'informations précieuses pour chaque entreprise."
"Elles ne sont pas constituées d'articles de journaux simplement assemblés. Non, le contenu est rédigé par des personnes compétentes, issues du monde universitaire. C'est notre raison d'être en tant que fédération. Nous devons guider nos membres dans tout ce labyrinthe de réglementations à venir."
