Quand les entreprises de location deviennent des partenaires de construction à part entière...
Bill Olivier, président de BERA, appelle à plus de collaboration, de politique et d'innovation dans le secteur de la location

Les entreprises de location ne sont plus de simples fournisseurs anonymes de machines, mais deviennent des partenaires stratégiques dans le processus de construction. Belgian Equipment Rental Association (BERA) - la jeune association sectorielle qui représente les intérêts des entreprises de location depuis deux ans - préconise une nouvelle approche axée sur la collaboration. Bill Olivier, président de BERA, déclare: "Considérez votre entreprise de location comme une extension de votre propre équipe de construction. En fin de compte, vous poursuivez le même objectif: un chantier réussi et efficace."
To rent or not to rent...
Certains entrepreneurs - surtout les plus âgés - s'en tiennent un peu plus à leur propre flotte, tandis que les jeunes professionnels de la construction sont plus flexibles et ont souvent un champ d'action un peu plus large. Cela les amène à utiliser régulièrement des machines spécialisées. Les (plus petits) entrepreneurs, qui se concentrent sur un créneau particulier ou une activité principale, investissent toujours dans leur propre parc de machines, car ils sont convaincus qu'ils peuvent utiliser leurs machines de manière rentable tout au long de l'année. Les entrepreneurs dont les tâches sont très variées se tournent plus volontiers vers les entreprises de location. "La location est une option pour tous les entrepreneurs. Ne laissez pas votre propre parc limiter vos activités", répond Olivier.
Le président souligne que la location peut également présenter des avantages pour les travaux répétitifs: "Avec la location, vous pouvez adapter la capacité de la machine à l'ampleur du travail et éviter les coûts liés aux temps d'arrêt. Un équipement propre coûte aussi de l'argent lorsqu'il est inutilisé, n'est-ce pas?"
Le secteur de la location est hautement professionnalisé
Dire qu'une entreprise de location d'il y a 20 ans ne peut être comparée à celle d'aujourd'hui est un euphémisme. Les cow-boys qui ne jouissaient pas toujours d'une image irréprochable dans le passé ont tous disparu, selon le président. "Le secteur s'est fortement professionnalisé ces dernières années. Les contrats de location et toute l'administration liée à la location sont devenus plus transparents et moins complexes. En tant qu'entrepreneur, vous n'avez plus à craindre les 'petits caractères' et vous n'avez plus à éplucher tous les contrats à la recherche des 'anguilles sous roche'..."
"Chaque entreprise de location a des conditions différentes, mais elles sont généralement très bien communiquées et expliquées", ajoute Olivier.
BERA prend également sa part de responsabilité dans cette histoire. Olivier donne l'exemple des tarifs de transport: "L'un de nos partenaires, Deloitte, a mis au point un modèle de calcul des coûts de transport, que les entreprises de location qui font partie de nos membres peuvent utiliser gratuitement", explique-t-il. "Grâce à ce modèle de calcul uniforme, les loueurs peuvent répercuter leurs coûts de transport de manière équitable et comparable, ce qui est plus clair pour les entrepreneurs."

Un partenaire stratégique pour la construction
Olivier invite les entrepreneurs à se défaire de la vieille image du loueur assimilé à un fournisseur anonyme, et à prendre conscience de la valeur ajoutée d'un partenariat. "Une bonne relation avec votre loueur ne peut qu'être bénéfique", souligne Olivier. "Si le loueur participe à la réflexion du locataire, les deux parties sont gagnantes." Il illustre son propos par quelques exemples.
Impliquez votre entreprise de location dans la planification
"En premier lieu, une entreprise de location peut jouer un rôle précieux dans votre planification", dit-il. Olivier voit encore trop souvent des professionnels de la construction frapper à la porte d'entreprises de location à la dernière minute pour commander une machine. "Cela crée un stress inutile pour les deux parties. En outre, l'entrepreneur paiera toujours un prix plus élevé s'il ne se décide qu'à la dernière minute. Si vous soumettez votre planning de chantier à votre loueur à un stade précoce, il peut constituer un parc de machines adapté au calendrier."
Quid des imprévus?
En 2024, nous avons enregistré l'année la plus pluvieuse de tous les temps. Les retards ont atteint six mois et plus. Et si vous aviez réservé une flotte pour cette période? "Dans ce genre de cas, n'hésitez pas à aborder ces questions avec votre propriétaire. Il peut décider d'un commun accord s'il est opportun de poursuivre le bail ou de le suspendre. Mais attention, il faut toujours se demander si le jeu en vaut la chandelle." Olivier entend par là que les frais de transport doivent être mis en balance avec le coût de la non-utilisation de la machine sur le site.
N'engagez pas de frais inutiles
Quel est l'intérêt de louer une nouvelle machine de haute technologie à un entrepreneur qui doit travailler avec elle dans des conditions extrêmement difficiles et/ou sales? Olivier conseille aux entrepreneurs de communiquer ouvertement les besoins du chantier. "Dans le cas décrit, le loueur n'enverra pas une machine toute neuve, mais un modèle un peu plus ancien qui ne craint pas les chocs", explique le président.
"Lorsqu'une machine neuve est endommagée, les conséquences financières sont beaucoup plus importantes qu'avec un modèle plus ancien et plus robuste. Cela peut faire une différence notable dans la facture finale."
Relation client-fournisseur
La confiance et la communication en constituent la base. "Les entrepreneurs qui impliquent leur partenaire de location dès le début de la planification du projet obtiennent un équipement parfaitement adapté à la tâche, un service flexible en cas de revers. En outre, ils peuvent éviter les surprises par la suite. De leur côté, les loueurs fidélisent leurs clients plus longtemps et, grâce à une meilleure connaissance de la planification du site, peuvent utiliser leur flotte de manière plus efficace. Il en résulte une situation gagnant-gagnant où la relation classique client-fournisseur se transforme en une véritable alliance."
Les tentacules s'étendent bien au-delà du secteur de la construction
Le marché des équipements de construction a été durement touché l'année dernière. Le président de BERA réfute l'affirmation selon laquelle la location de machines a également connu une forte baisse. Il s'appuie pour cela sur des chiffres de croissance modestes. "Le marché de la location ressent le malaise du secteur de la construction, mais enregistre toujours une croissance d'environ 3 à 5 % par an (indexation incluse)."
"Une entreprise de location moderne ne dépend pas uniquement de la construction. Selon Olivier, un loueur moderne peut être comparé à une pieuvre: le secteur de la construction forme un tentacule, mais l'industrie, l'infrastructure et les événements y contribuent également. "Si la construction est en léger recul, nous trouvons du travail ailleurs. Cette répartition nous rend plus résistants aux crises."

Un chantier sans émissions, ce n'est pas pour tout de suite
C'est un énorme cliché, mais le portefeuille se resserre dès que les clients entendent parler du coût d'un chantier économe en énergie, sans émissions et neutre en carbone. S'il arrive que des entrepreneurs proposent un "chantier vert", il s'agit dans la plupart des cas d'un projet pilote ou de prestige.
Une vision à long terme et de la clarté sont nécessaires
"L'absence d'une vision claire à long terme de la part du gouvernement et d'un cadre législatif pour les chantiers de construction crée de l'incertitude et de la méfiance. En conséquence, de nombreuses entreprises sont moins enclines, voire pas du tout, à investir dans l'électrification et d'autres technologies vertes innovantes, et cela vaut aussi bien pour les loueurs que pour les professionnels de la construction", déclare Olivier.
"Les flottes entièrement électriques ne sont pas réalistes à court terme", estime le président Bill Olivier
"Nous demandons - nous supplions - qu'il y ait une vision claire. Pourquoi reste-t-il si difficile de fixer des objectifs clairs? D'accord, il peut y avoir une réaction initiale contre des règles 'trop strictes', mais tant qu'il n'y en aura pas, nous ne saurons pas, en tant qu'industrie, où nous en sommes. Les propriétaires sont bien préparés à écologiser leurs flottes en temps voulu, mais donnez au secteur les garanties à long terme dont il a besoin pour investir pleinement dans des flottes de location modernes, propres et efficaces.
Les autorités locales déterminent l'approche
Olivier qualifie l'approche de certaines autorités locales de cauchemar pour les locataires et les loueurs. Dans certaines villes, par exemple, les projets exigent que l'on utilise uniquement des machines électriques. "C'est bien, mais il est pratiquement impossible pour les entreprises de location d'adapter leurs activités en conséquence. Surtout quand on sait que les villes et les communes ont chacune des réglementations spécifiques."

Qu'est-ce qui inquiète les entreprises de location?
BERA prend le pouls du secteur. Cette fédération maintient toutes les lignes de communication ouvertes, de sorte que les problèmes ou les défis apparaissent immédiatement sur son radar. "Nous pensons que les partenariats sont très importants. C'est pourquoi nous travaillons également en étroite collaboration avec SIGMA et d'autres organisations telles que Bouwunie et Embuild, entre autres."
Les fabricants de machines organisent leurs propres locations
De plus en plus de fabricants de machines organisent leurs propres locations. Cela représente-t-il une menace pour les sociétés de location traditionnelles? Olivier estime que non. "Les fabricants de machines n'ont pas l'intention de prendre le contrôle de notre marché. À mon avis, de telles initiatives sont mises en place pour lancer et pousser de nouvelles technologies. Je suis convaincu qu'il s'agit davantage d'une histoire de marketing que d'une démarche stratégique visant à évincer nos entreprises de location."
Pénurie de techniciens
Il n'y a pas de secteur qui ne manque pas de personnel qualifié, et le secteur de la location ne fait pas exception à la règle. "Pour les entreprises de location, c'est encore plus difficile", répond Olivier. Le principal inconvénient est que les marges dans le secteur sont assez faibles, de sorte qu'il n'est pas possible de payer des salaires mirobolants. "Nous pêchons dans plusieurs étangs, mais le défi reste gigantesque."

BERA ne se voit pas encore jouer un rôle dans l'éducation, ni dans la formation. "Nous sommes encore trop petits pour cela. Nous n'avons pas le personnel nécessaire pour organiser nous-mêmes des formations. Nous espérons pouvoir le faire à l'avenir, en collaboration avec les autres acteurs."
Vol d'engins de construction
Il n'existe pas de chiffres actualisés et fiables, du moins pour la Belgique. Mais l'ERA, l'European Rental Association, fait état d'un problème croissant et pressant. Si une machine 'disparaît' en Belgique, les chances de la retrouver sont minces. On y prête trop peu d'attention dans notre pays, et si la police intervient, c'est souvent trop tard et l'oiseau a déjà pris son envol depuis longtemps."
Dans les pays voisins, les déclarations de vol de matériel de chantier sont prises beaucoup plus au sérieux. Les chances de se faire prendre y sont également beaucoup plus élevées. "C'est vrai", dit Olivier. "Il y a quelque temps, nous avons pu constater de visu qu'à l'étranger, on donne mieux suite - et plus rapidement - à ce genre de plaintes. En effet, chez l'un de nos membres, une machine a été volée. Grâce à la traçabilité, il s'est avéré qu'elle était déjà en Allemagne. Après avoir contacté la police allemande, des mesures immédiates ont été prises et les forces de police ont pu rapidement intercepter les voleurs.
BERA fait pression pour que les autorités policières et judiciaires accordent une plus grande priorité aux déclarations de vol. Dans ce cadre, BERA a développé l'application BERA Alert: un outil pour les membres qui permet de signaler rapidement les incidents, en tenant la communauté BERA informée de toute activité criminelle ou d'autres abus. "L'idée est que les membres du réseau puissent s'alerter mutuellement en cas de vols et de fraudes, entre autres".
"Votre loueur peut réduire vos coûts, accroître l'efficacité de votre entreprise et vous décharger"
Une politique de contrôle qui laisse à désirer
Pour une fédération qui vient à peine de démarrer, l'un des plus grands défis semble être la lenteur avec laquelle les décisions politiques sont prises et les processus juridiques sont traités. "Nous demandons depuis longtemps que la politique de contrôle de certaines machines soit modifiée. C'est l'une de nos principales priorités en tant que groupement d'intérêts. Cependant, notre dossier est classé dans la catégorie générale de l'inspection des véhicules, ce qui laisse nos problèmes spécifiques sans réponse", conclut Olivier.
"Il y a donc de nombreux autres dossiers que BERA traitera aujourd'hui et à l'avenir. Nous ne reculerons devant aucun défi. Qu'il s'agisse du rapportage CO2, de la question des ressources humaines, de la prévention des vols ou de la durabilité sur le chantier, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aborder chaque question en concertation mutuelle."
Vers une collaboration toujours plus étroite
BERA a été fondé à l'initiative des loueurs belges eux-mêmes, avec le soutien de la European Rental Association (ERA). "BERA est avant tout une plateforme de consultation et de connaissance", explique Bill Olivier. "Nous voulons que les membres se connaissent mieux et puissent échanger leurs expériences. Nous associons la mise en réseau au partage des connaissances. C'est l'objectif: unir le secteur et discuter des défis communs." Il s'attend à ce que BERA devienne de plus en plus professionnel et à ce que sa voix soit plus forte dans les années à venir.